Sous espèce ou localité : quelle différence ?

Bonjour,

face à la difficulté d'identifier la sous espèce de mes Thamnophis proximus, identification qui repose entièrement sur la couleur de la bande et du corps, j'en viens à me poser la question de la différence entre sous espèce et localité ?

Le terme de sous espèce est généralement utilisé sur la plupart des reptiles. Mais on retrouve tout de même des localités comme pour le Morelia virridis (dont la localité « Biak » fait partie des plus connues).

J'ai cherché les définitions pour chaque terme et je n'ai trouvé que celle de sous espèce :


Pour la localité, je n'ai rien trouvé d'explicite.

Du coup pour certaines espèces, pourquoi parle t on de localité et pour d'autres, de sous espèce ?

Techniquement si je reproduits 2 spécimens de sous espèces différentes on ne parle pas d'hybrides mais éthiquement cela reste un peu limite car il y a un nom scientifique différent. Exact ?
Et si l'on fait de même avec deux localités différentes, cela vous paraît il plus éthique ?

Si il s'agit de la même espèce, en quoi reproduire deux sous espèces ou localités différentes peut il être un problème (mis à part le côté éthique) ? On ne crée pas d'hybrides et il ne faut pas oublier que certaines sous espèces / localités se croisent dans la nature (donc possiblement reproduction).

De plus, se borner à sélectionner des individus d'une même sous espèce / localité n'empire t il pas l’appauvrissement génétique ?

Quels sont vos avis la dessus ?

Salut,

Première chose à prendre en compte d'un point de vue scientifique, c'est que les espèces/sous espèces etc ne sont "que" des noms ;
Ces noms sont donnés par des chercheurs.
Plus il y a de chercheurs qui s'intéressent à un groupe d'espèces, plus le travail sera documenté, et logiquement plus la taxonomie devrait être précise... Mais à l'inverse si il y a peu de monde qui s'intéresse à un groupe, cela avance souvent moins vite et moins bien.

Une espèce ou une sous-espèce, c'est décrit scientifiquement, et cela correspond en fait à une localité. Pour chaque espèce ou sous-espèce décrite, il y a des spécimens types qui sont déposés en muséum, et ces spécimens ont une origine bien précise.
La description d'un espèce (ou d'une sous-espèce) doit cependant être validé par des reviewers issus de la communauté scientifique. Le travail (et l'article qui en découle) doit être suffisamment "convaincant" pour que cela soit publié. Cela ne veut pas dire que toute la communauté scientifique sera d'accord... Mais c'est déjà une base.

Les "morphs", "localités", ... C'est des spécimens qui eux aussi correspondent à un endroit précis, mais sans qu'il y ait forcément le travail de recherche derrière.
Cela peut être une simple observation de terrain, ou de captivité. Qui peut ensuite déboucher sur des études scientifiques plus poussées, notamment au niveau génétique et moléculaire.
Par exemple si il n'y a comme différences entre deux populations que la couleur, et que ce ne sont que quelques gènes qui sont impliqués, la différence génétique sera trop faible pour qu'on puisse qualifier ces deux populations de sous-espèces ; il s'agit juste de polymorphisme au sein de la même espèce.

Pour reprendre l'exemple des Morelia viridis : ces dernières années des études ont été faites, des travaux ont été publiés, et les différentes localités connues en terrariophilie ont finalement été "rangées" dans différentes espèces et sous-espèces.
L'espèce "Morelia viridis" a été éclatée, Morelia viridis existe toujours (ce sont les spécimens issus de la localité d'origine d'où ont été décrits les 1ers spécimens) mais on retrouve désormais l'espèce Morelia azurea... Qui comporte 3 sous espèces (donc 3 localités bien distinctes).

La limite entre espèce et sous-espèce est parfois floue, et cela dépend beaucoup des chercheurs qui travaillent là dessus. Certains scientifiques n'aiment pas trop la notion de sous espèce, et ont tendance à élever au rang d'espèce directement. Alors que d'autres sont plus conservateurs...
Donc personnellement je considère le croisement entre deux individus de sous espèce différentes comme de l'hybridation.
On "mixe" deux populations qui ont leurs propres spécificités génétiques si l'on veut, donc au final on uniformise le patrimoine génétique. C'est un peu une perte de la diversité génétique parentale... Certains allèles seront conservés (forcément) mais la moitié sera perdue.
Mais on perd aussi de la diversité génétique si on reproduit ensemble des individus trop apparentés.
Une population (espèce ou sous-espèce ou localité) doit donc comprendre suffisamment d'individus pour être fonctionnellement viable sur le long terme, si on ne les reproduit que "entre eux".
En captivité c'est parfois difficile d'avoir une telle population, suffisamment large pour éviter la consanguinité et permettre un bon brassage génétique... Est-ce que pour autant c'est une bonne idée de croiser ces individus avec d'autres "qui ressemblent", mais qui ne se croiseraient pas dans la nature... Si ça peut sauver une souche captive vouée à disparaitre pourquoi pas ? Mais cela est bien de considérer toutes les options possibles...

Pourquoi éviter de croiser les localités du coup ? Cela permet de garder une population captive plus proche de ce que l'on trouverait en milieu naturel.
Et en cas de description officielle d'une nouvelle espèce ou sous espèce, on sait précisément ce que l'on a.
C'est fréquemment arrivé : "Oups on a croisé un peu toutes les localités, ben du coup tant pis..."

Après effectivement dans la nature certaines espèces ou sous-espèces s'hybrident en limite d'aire de répartition. Cela arrive, c'est naturel, ça permet de faire évoluer les populations... Mais bon un terrarium c'est pas la nature.
Finalement, l'ensemble des animaux captifs d'une espèce (ou sous espèce) forme une population, et cette population est amenée à évoluer en captivité selon la manière dont elle est gérée.

Bref, il y a beaucoup de choses à prendre en compte, et différents points de vue aussi... Différents objectifs...

Je suis d'accord avec toi sur le fait de ne pas reproduire entre différentes sous espèces mais quand la différence est infime et que personne n'a le même avis sur la sous espèce de ton animal, ça pose question.

Je continue sur les thamno puis qu'ils sont au centre de mon problème. Voici les clés d'identification pour les sous espèces (issus de The Garter Snakes: evolution and ecology, que j'ai traduits pour que tout le monde comprenne). Je rappelle également qu'il y a peu, Thamnophis proximus était une sous espèce de Thamnophis sauritus (d'où les probables erreurs que l'on croise inlassablement en animalerie et sur les sites diverses).

Sous espèces de Thamnophis proximus:
1.Dorsum noir, bande vertébrale orange, bande ventrolatérale foncée manquante
.................................................................................................................T P. proximus
Dorsum gris ou nuance de brun, couleur de la bande vertébrale variable, développement variable de la bande ventrolatérale
.................................................................................................................2

2.Dorsum brun foncé, bande vertébrale dorée, bande ventrolatérale large (à 1/10 de largeur d'écaille de chaque côté), TTL de 27,5% en moyenne chez les mâles, 27% chez les femelles
.................................................................................................................T P. alpinus
Dorsum gris olive ou brun (pas foncé), bande ventrolatérale relativement étroit ou absent, TTL généralement >29% chez les mâles, >28% chez les femelles
.................................................................................................................3

3. Bande vertébrale rouge vif .......................................................................T P rubrilineatus
Bande vertébrale orange, havane grisâtre ou dorée .....................................4

4. Bande vertébrale gris havane, labiales jaune orange, bande latérale étroite en avant, plus réduite en arrière, ventrales en moyenne <161 pour les mâles, <158 chez les femelles
................................................................................................................T P rutiloris
Bande vertébrale orange ou or, labiales blancs verdâtre ou jaune verdâtre, bande latérale non étroite, au moins en avant, ventrale en moyenne >162 chez les mâles, >158 chez les femelles....................................................................................................5

5. Bande vertébrale orange, dos gris olive, bande latérale fréquemment réduite vers l'arrière, bande ventrolatérale étroite fréquemment présente
...............................................................................................................T P diabolicus
Bande vertébrale dorée, dos généralement brun olive, bande latérale rarement réduite, bande ventrolatérale généralement absente
...............................................................................................................T P orarius

Voilà en gros, ce qui est censé me permettre d'identifier mes deux thamnos. Le problème c'est les couleurs. On le sait tous, aucun humain ne voit les couleurs de la même façon. Je suis donc incapable de vous dire si leur bande vertébrale est orange, jaune ou dorée surtout que cela dépend de la lumière et de l'avant / après mue. C'est exactement la même chose pour la couleur du corps.
C'est un peu du charabia pour les personnes qui ne s'y connaissent pas.

Voici également la carte de répartition des sous espèce:



D'après vous, comment puis je les identifier correctement ? Et encore si il s'agit "d'hybrides" (ce qui est largement possible au vue des zones de répartition), comment les identifier ?

Le cas de proximus est très complexe. Ils sont vendus la plupart du temps sous le nom de Thamnophis sauritus. Donc pour ceux qui en ont plusieurs et les ont reproduits, il y a des risques qu'ils ne soient pas de la même sous espèce voir espèce. Je possède deux individus WC ce qui devrait limiter les risques, encore faut il que je sois sûr de la sous espèce avant de lancer la reproduction.

Que feriez vous dans ce genre de situation ? Ne pas les reproduire du tout en sachant que de toute façon, il doit y avoir pas mal d'hybride actuellement en captivité ?

Je souhaite bien sûr éviter au maximum de diffuser des hybrides, il y en a déjà assez comme çà. Mais au vue de la complexité d'identification de la sous espèce, cela me paraît compliqué.